«La consommation de boissons énergisantes croît régulièrement
notamment chez les jeunes. Aux Etats Unis, on estime qu’en 4 ans,
entre 2007 et 2011, le nombre de consultations les concernant dans
les centres d’urgences a plus que doublé pour dépasser 20
000.
L’augmentation de la consommation de ces boissons va de pair avec
la mise en évidence de leurs nombreux effets secondaires
potentiels. La plupart de ces effets adverses ont été attribués à
la teneur élevée en caféine de ces boissons qui contiennent
d’ailleurs bien d’autres ingrédients. De plus, les adolescents
associent ces boissons à l’ingestion d’alcool, et à celle d’autres
substances, ce qui majore le risque de survenue d’effets
secondaires.
Les données concernant les complications cardiovasculaires
associées à la prise de boissons énergisantes restent éparses et
limitées. C’est ce qui a conduit M. Goldfarb et coll. à revoir tous
les cas publiés entre 1980 et 2013 et à analyser les
caractéristiques cliniques, le profil de la consommation de ces
breuvages, les co-ingestions et les résultats des examens
cardiovasculaires pratiqués. Ils ont ainsi répertorié 15 cas
d’accidents cardiovasculaires (arythmies auriculaires: 5 cas ;
arythmies ventriculaires: 5 cas ; allongement de l’intervalle QT:
1 cas ; sus-décalage du segment ST: 4 cas) auxquels ils ont ajouté
2 cas d’arrêt cardiaque survenus dans leur propre
institution.
Ces 17 sujets étaient âgés de 13 à 58 ans, 13 étaient des hommes et
15 d’entre eux avaient moins de 30 ans. Seul un de ces sujets avait
des antécédents cardiaques mineurs.
Dans la plupart des cas, les investigations cardiaques n’ont pas
mis en évidence d’anomalies qui auraient prédisposé à la survenue
de l’événement cardiovasculaire.
Parmi les 11 sujets victimes d’accident cardiovasculaire
sérieux (à savoir, arrêt cardiaque, arythmies
ventriculaires, sus-décalage du segment ST), 5 ont signalé
avoir bu de grandes quantités de boisson énergisante, 4 avouaient
une co-ingestion d’alcool ou d’autres drogues et 2 présentaient une
canalopathie.
Plusieurs facteurs expliquent la nocivité cardiovasculaire des
boissons énergisantes qui sont souvent consommées rapidement et en
grande quantité. La caféine augmente le taux des catécholamines
circulantes. A noter que la caféine n’apparait pas toujours en tant
que telle sur l’étiquette du produit car elle est incluses dans
divers additifs (guarana, noix de kola…) qui en contiennent des
quantités non négligeables. Par ailleurs, les boissons énergisantes
augmentent l’agrégation plaquettaire et altèrent la fonction
endothéliale ; en outre, il a été montré expérimentalement que,
consommées avant un effort, elles diminuent le flux myocardique et
augmentent la consommation d’oxygène du myocarde, toutes
interactions qui favorisent l’ischémie cardiaque. Quant à
l’hypokaliémie, elle est proportionnelle à la quantité de caféine
absorbée et peut contribuer à l’apparition de troubles du rythme
ventriculaire ou d’une mort subite. Enfin, les boissons
énergisantes peuvent révéler une maladie des canaux (sodique,
calcique ou potassique) à l’échelon cellulaire en allongeant
l’intervalle QT ou en bloquant la conduction du canal
sodique.
En conclusion, les boissons énergisantes peuvent être à l’origine
d’accidents cardiovasculaires dont certains peuvent être
potentiellement très graves. S’il est vrai que le nombre de cas
rapportés peut paraitre faible par rapport au grand nombre des
consommateurs de ce type de boisson, il faut souligner que la
fréquence réelle des événements cardiovasculaires est largement
sous-estimée car ils sont loin d’être tous publiés. Des études
épidémiologiques seraient nécessaires afin d’estimer l’amplitude
réelle du risque cardiaque associé à l’ingestion de boissons
énergisantes et d’identifier ceux parmi les consommateurs
potentiels qui seraient les plus vulnérables.»
Dr, Robert Haïat
Referências:
Goldfarb M et coll. : Review of Published Cases of Adverse Cardiovascular Events After Ingestion of Energy Drinks. Am J Cardiol 2014; 113: 168-172.
(Artigo publicado online em 2013-12-27 pelo JIM.fr - Journal International de Medecine)
Dr, Robert Haïat
Referências:
Goldfarb M et coll. : Review of Published Cases of Adverse Cardiovascular Events After Ingestion of Energy Drinks. Am J Cardiol 2014; 113: 168-172.
(Artigo publicado online em 2013-12-27 pelo JIM.fr - Journal International de Medecine)
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