Le dépistage systématique des cancers présente certes des
avantages. Mais il comporte aussi des effets indésirables. Ces
derniers peuvent provenir du dépistage lui-même, des investigations
entreprises à cause d’un faux positif, des surdiagnostics ou des
surtraitements. Les dépistages systématiques des cancers sont
réalisés chez des sujets jusque là en bonne santé, c’est la raison
pour laquelle ils ne devraient être proposés que quand les
bénéfices sont suffisamment documentés et dépassent largement les
effets indésirables, qui doivent donc être eux-mêmes parfaitement
évalués.
Or, il semble que ce ne soit pas exactement le cas. Le British
Medical Journal publie en effet une revue de la littérature
réalisée par des auteurs danois. Les auteurs ont recensé les essais
randomisés attestant de l’efficacité du dépistage des cancers
(sein, côlon, prostate, poumon, ovaire, foie, gorge) sur
l’incidence de ces derniers, la mortalité spécifique et/ou toutes
causes de mortalité. L’objectif était de vérifier comment les
effets indésirables des dépistages étaient mentionnés dans ces
essais.
Au total 57 essais ont été retenus. Seule une minorité d’entre
eux signalent les surdiagnostics et les faux positifs, effets
indésirables les plus importants des dépistages. Les surdiagnostics
ne sont chiffrés que dans 4 essais (7 %), alors que les faux
positifs ne le sont que dans 2 essais (4 %). Un seul essai signale
le nombre de patients ayant renoncé au dépistage pour cause
d’effets indésirables et globalement, la place tenue par le report
des effets indésirables n’est que de 12 % dans la partie consacrée
aux résultats. En revanche, l’efficacité du dépistage sur la
mortalité spécifique par cancer est signalée dans 89 % des essais.
Cette inégalité de traitement semble devoir rendre très difficile,
voire impossible,l’évaluation précise de la balance bénéfice/effets
indésirables des dépistages.
Au vu de ces résultats, les auteurs estiment qu’il est
nécessaire d’engager une réflexion sur la standardisation du report
des effets indésirables des dépistages, à la manière des essais
thérapeutiques qui signalent les effets secondaires d’un
traitement.
Dr Roseline Péluchon
Heleno B et coll. : Quantification of harms in cancer screening trials: literature review
BMJ 2013; 347: f5334. doi: 10.1136/bmj.f5334.
http://www.bmj.com/content/347/bmj.f5334.pdf%2Bhtml
BMJ 2013; 347: f5334. doi: 10.1136/bmj.f5334.
http://www.bmj.com/content/347/bmj.f5334.pdf%2Bhtml
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