Les isoflavones, retrouvés abondement dans le soja, ont une
structure similaire aux œstrogènes et ont une affinité pour les
récepteurs œstrogéniques. Ils ont fait l’objet d’une évaluation
active chez la femme ménopausée surtout depuis qu’il a été montré
que l’hormonothérapie de remplacement avait des effets délétères en
terme de cancer et de maladies cardiovasculaires. Cependant
les résultats de ces études sont mitigés et peinent à démontrer un
effet réellement supérieur à l’effet placebo (qui peut aller
jusqu’à 50 % dans certaines études !).
Un nouvel essai multicentrique, randomisé en double aveugle
contre placebo d’une durée de 24 mois, basé sur les données de
l’étude « Osteoporosis Prevention Using Soy (OPUS) » a été
conduite aux USA.
L’objectif était d’évaluer, par un questionnaire validé, l’effet
d’un apport quotidien de 80 ou 120 mg de aglycone hypocotyl
isoflavone sur la qualité de vie de 403 femmes ménopausées depuis
plus d’un an ayant un taux de FSH>30 mUI/mL.
Au départ de l’étude les scores du questionnaire, relativement
bas (personnes peu gênées), étaient similaires dans tous les
groupes. Au bout de 1 et 2 ans de suivi aucun avantage n’a été
constaté pour les groupes d’intervention par rapport au groupe
placebo. Par exemple dans le domaine des bouffées de chaleur les
scores de base étaient 2,74 pour le groupe placebo, 3,15 pour le
groupe 80 mg et 2,87 pour le groupe 120 mg (p=0,18) et au bout de
la période de suivi ces scores étaient respectivement de
2,65, 2,94, et 2,73 (P=0,43).
Le traitement a été bien toléré. Les auteurs signalent toutefois
qu’une patiente a présenté un cancer du sein à 14 mois dans le
groupe 120 mg et une autre un adénocarcinome de l’endomètre à 21
mois dans le groupe 80 mg. La signification de ces deux
observations est incertaine et nécessite une investigation plus
poussée.
Les auteurs concluent que la supplémentation en isoflavone
n’offre aucun avantage en terme de qualité de vie chez la femme
ménopausée peu symptomatique. Ces résultats négatifs concordent
avec ceux de plusieurs études randomisées récentes réalisées sur
des femmes bien plus gênées par les symptômes de la ménopause.
Faut-il arrêter de prescrire les extraits de soja pour les
problèmes de la ménopause ? La réponse doit rester nuancée car en
l’absence d’une véritable alternative au traitement œstrogénique
pour diminuer les effets de la ménopause, en particulier les
bouffées de chaleur, l’effet placebo marqué de ces produits est
toujours « bon à prendre » chez les femmes très
gênées.
Dr Rodi Courie
Amato P et coll. : Effect of soy isoflavone supplementation on
menopausal quality of life. Menopause
in "La lettre hebdomadaire du
JIM" (Journal International de Medecine, France)
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